Vanuatu, huit heures d’arrêt

Port-Vila, capitale du Vanuatu : un pays dont je n’avais jamais entendu parler il y a encore quelques années, et où je n’imaginais jamais mettre les pieds un jour…

Mettre les pieds, voilà qui résume bien cette première et unique journée d’escale dans ce « petit » pays constitué de 83 îles, où l’on parle plus de 100 langues différentes.

Une journée, à peine suffisant pour se remettre du choc culturel et climatique, qui écrase littéralement les touristes australiens qui descendent de leur paquebot. Seulement 26 degrés, mais au moins 400% d’humidité. Moi qui me plains d’avoir froid dès que le thermomètre descend sous les 20 degrés, aujourd’hui, j’ai eu trop chaud !

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Après le choc climatique vient le choc culturel. L’excursion que nous avions réservée il y a un mois est partie sans nous. Le groupe ne nous a pas attendu et a donné nos places à d’autres personnes.
Devant notre désarroi, une dizaine de « guides » et « chauffeurs » tentent leur chance : « follow me, follow me ! », « special price for you ! », crient-ils. « Don’t follow him ! », crie un autre ! Comment s’y retrouver ?
« Je peux rejoindre votre groupe et suivre votre itinéraire », nous dis alors l’un d’entre eux. Je lui demande donc d’énoncer les différents arrêts de l’itinéraire : il ne les connaît pas !

Hors de question de monter dans n’importe quel minivan, qui pourrait nous emmener n’importe où et nous demander plus que le prix fixé.
J’essaye de garder mon calme. Il y a bien longtemps que je ne m’étais pas retrouvée dans un tel brouhaha… On est bien loin de l’organisation millimétrée des Australiens et Néo-Zélandais ! Il est temps de retrouver mes habitudes asiatiques…

Le wifi du bateau fonctionne encore, j’en profite pour chercher le numéro du responsable de l’agence avec laquelle nous avions réservé. David téléphone, le responsable répond immédiatement et nous lui expliquons la situation.
15 minutes plus tard, il arrive sur place, nous présente ses excuses, et nous propose un autre chauffeur, George.
À 9h30, plus d’une heure après avoir quitté le bateau, nous voilà enfin en route !

Vanuatu Port Vila

Et quelle route… Je dirais qu’en comparaison, les routes vietnamiennes (ou la E42 du côté de Tournai) sont un vrai billard !
On avance à du 10 à l’heure, en zigzaguant entre les nids de poule et les flaques de boue. Installée à l’arrière du vieux minivan, sans ceinture ni air conditionné, j’en profite pour observer le paysage : des palmiers, de la terre, des gens qui marchent pieds nus au bord de la route, des poulets, des bâtiments à moitié construits (ou à moitié démolis ?), des enfants qui nous font signe en souriant.
Malgré la proximité géographique, le Vanuatu semble bien différent de la Nouvelle-Calédonie !

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Premier arrêt dans un « cultural village » , où nous assistons à une petite cérémonie organisée par les habitants. Danse et chants traditionnels, pagnes et robes en feuilles de bananiers, le tableau est parfait. Une fois le groupe de touristes précédent parti, j’en profite pour discuter avec le chef du village. Comme je m’y attendais, il m’explique que les habitants s’habillent comme nous dans la vie de tous les jours. Les tenues traditionnelles sont réservées aux cérémonies. Malheureusement, les jeunes semblent de moins en moins intéressés par les traditions, l’influence de la société occidentale est bien présente, et ce genre de traditions est amené à disparaître d’ici deux générations…

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Deuxième arrêt au « Blue lagoon », une piscine naturelle turquoise au milieu de la forêt. Superbe, mais totalement inaccessible.
Sable profond, rochers, racines, escaliers en pierre, relief marqué : les pires obstacles pour une PMR, tous réunis en un seul lieu !

Après mes nombreux exploits physiques de la veille (nager 10 minutes en pleine mer, faire quelques pas sur la plage, descendre les escaliers du ponton, monter et descendre de plusieurs bateaux,…), je commençais à me dire que je n’étais peut-être pas si handicapée que je le pensais. Ou même, que je commençais enfin à aller mieux…

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Faux espoir. À cause de mes coups de soleil aux genoux (auxquels se sont superposés des égratignures de coraux), j’ai à peine dormi cette nuit. Le réveil fut extrêmement difficile. Et le peu d’énergie qu’il me restait est passé dans l’heure de chaos à la sortie du bateau.
Monter et descendre du minivan m’avait déjà épuisée. Impossible donc de profiter de ce magnifique bassin turquoise…
J’ai beau être « à mobilité réduite » depuis près de 5 ans, c’est toujours aussi difficile de me rendre compte que je ne peux plus faire tout ce que je faisais avant. Déception, frustration, culpabilité aussi, lorsque d’autres touristes me portent pour me rapprocher du lagon.

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Troisième et dernier arrêt, la baie des tortues. Marie-Rose nous y accueille avec un large sourire, et dans un français impeccable. Un délicieux barbecue nous attend, accompagné de bananes grillées et de frites de patate douce. Un vrai régal !
Nous passons un agréable moment, et essayons d’en apprendre un peu plus sur la vie de nos hôtes.

Vanuatu Baie tortues

Avant de nous reconduire au bateau, George nous fait traverser la ville pour nous donner un petit aperçu de la « vraie vie » à Port-Vila. Ecole, parlement, cathédrale, supermarchés, bâtiments ministériels,… Un mélange de français, d’anglais et de bislama, la langue commune parlée par tous les habitants du Vanuatu.

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Vanuatu Port Vila Parlement

Nakamal des Chefs et école anglophone de Port Vila

Nakamal des Chefs et école anglophone de Port Vila

16h : il est déjà temps de retourner à notre hôtel flottant. Quelques minutes plus tard, je retrouve ma cabine avec air conditionné, coupée du monde extérieur.

À la fois épuisée, satisfaite de ma journée et frustrée. Une journée dans un pays avec une culture aussi différente et aussi riche, c’est beaucoup, beaucoup trop court.
Dans un pays où la plupart des gens ne regardent jamais l’heure, c’est d’autant plus important de prendre son temps.

Je me souviens de ma première journée en Chine, ou au Vietnam, où je me suis contentée d’observer, d’écouter, de tenter de comprendre tout ce qui se passait autour de moi.
Ce n’est que le 2e ou 3e jour que je commençais à réellement « visiter » le pays où je venais d’arriver.

Au revoir, Vanuatu. À un de ces jours, j’espère…

Blandine

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