Avant de partir en voyage autour du monde, j’ai passé de longs mois à réfléchir au type de fauteuil qui me permettrait de réaliser mon rêve. Comme je ne peux pas me pousser seule en fauteuil manuel, que mon fauteuil électrique de 180 kg n’est pas vraiment conçu pour sortir des sentiers battus, et que mon fauteuil manuel motorisé est désormais interdit de voyage en avion, il fallait trouver une alternative. Mais laquelle ?
J’avais besoin d’une solution légère, compacte, solide, tout-terrain et avec une bonne autonomie. Un système qui me permette de voyager en avion, en train et en taxi (non-adapté), et de transporter mes bagages pour un an. Et tout ça, sans (trop) me fatiguer ni (si possible) me ruiner…
Après avoir étudié et comparé les différentes possibilités, j’ai opté pour le Triride. Deux ans et demi plus tard, je ne regrette toujours pas mon choix ! Je vous laisse lire mon avis un peu plus bas… 😉
Je reçois régulièrement des messages de personnes qui souhaitent avoir des infos sur le Triride (il était temps que je me décide à écrire sur le sujet ! ), me demandent « quel est le meilleur fauteuil roulant pour voyager ? », ou « quel système me conseillez-vous ? ».
La réponse est loin d’être évidente. Chaque handicap est différent, et un système qui me convient ne vous conviendra pas forcément (et inversement). Malheureusement, le fauteuil parfait n’existe pas (encore !), il faudra donc faire des compromis en fonction de votre budget et de vos besoins (qui sont susceptibles d’évoluer).
La question à se poser est plutôt : « Quel type de fauteuil roulant (et de motorisation) est le plus adapté à mon handicap, et au type de voyage que je compte entreprendre ? ».
Les possibilités étant de plus en plus nombreuses, il est parfois difficile de s’y retrouver. J’ai donc essayé d’en présenter un maximum dans cet article, j’espère qu’il vous aidera à faire votre choix ! 🙂
A – Fauteuils roulants manuels
Si vous pouvez vous déplacer seul(e) en fauteuil roulant manuel, ou que vous êtes accompagné(e) (et que ça ne vous dérange pas d’être poussé(e)), c’est probablement la solution la plus simple ! Pas de batterie à recharger, pas de paperasse ou de négociations dans les aéroports, pas de risque de panne,…
Si vous comptez voyager seul(e), mieux vaut choisir un modèle le plus léger possible. Mon fauteuil manuel est un Quickie Xenon SA, il pèse environ 14kg et est très compact une fois replié. Je l’ai depuis 6 ans, et à part le système de fermeture (pour maintenanir le fauteuil plié) qui n’est plus très efficace, il est encore en assez bon état. Après plusieurs centaines de kilomètres autour du monde, une vingtaine de voyages dans la soute d’un avion, et une infinité de pavés, cailloux et plages de sable fin, il tient toujours le coup !
Deux de mes amies ont également un Xenon, mais elles ont du le réparer plusieurs fois et comptent d’ailleurs changer de modèle… J’ai peut-être eu la chance de tomber sur un modèle particulièrement solide ? Si vous avez également un Xenon, n’hésitez pas à me laisser votre avis. 😉
À noter :
– Les fauteuils rigides (châssis fixe) sont généralement plus légers et plus solides que les fauteuils pliants.
– Certains modèles pliants (le Proactiv Traveler, le RGK Tiga FX et le Kuschall Champion SK) respectent les dimensions d’un bagage cabine une fois replié. Leur prix est toutefois assez élevé.
– Si vous comptez acheter un nouveau fauteuil manuel pour l’équiper d’une motorisation (ou d’une 3ème roue, motorisée ou non), vérifiez bien que les deux seront compatibles !
– Marques les plus connues : Sunrise Medical (Quickie), Invacare / Kuschall, Progeo, Ti Lite, Ottobock, RGK, Panthera, Oracing, Vermeiren, Mouvly (le TraceS est un fauteuil manuel tout-terrain à 3 roues),…
Je vous recommande également le blog d’Aurélie (I wheel travel), une autre baroudeuse à roulettes ! Avec son fauteuil roulant manuel (un Progeo Ego), elle a déjà découvert la Nouvelle-Zélande, la Malaisie ou encore la Birmanie !
B – Fauteuils roulants électriques
1 – Les fauteuils électriques classiques
Les avantages des fauteuils roulants électriques sont nombreux : confort, assise sur-mesure, autonomie de la batterie, possibilité d’être utilisé comme siège passager ou conducteur… La plupart des modèles proposent de nombreux réglages électriques (inclinaison du dossier et de l’assise, repose-jambes réglable en hauteur et en inclinaison, lift, verticalisation,…). La conduite se fait généralement à l’aide d’un joystick, mais des adaptations (commande au doigt, au menton,…) sont possibles.
Leur principal inconvénient, c’est leur poids ! De 120 à 200 kg en moyenne, ce qui les rend pratiquement impossibles à porter. Le mien pèse 180 kg, et les rares fois où des gens ont essayé de le soulever (4 gars costauds !), ils ont juste réussi à démonter un accoudoir ou à débrancher un câble…
Voyager avec un fauteuil électrique nécessite donc une sacrée dose d’organisation : tout doit être 100% accessible ! Si les transports en commun ne le sont pas, il faut parfois parcourir de longues distances sur la route, ou faire appel à des taxis adaptés (qui peuvent coûter très cher dans certaines villes). Si la chambre que vous avez réservée est parfaitement adaptée, mais qu’il y a deux ou trois marches devant l’hôtel, vous serez coincé(e) (c’est du vécu) ! La plupart des compagnies aériennes imposent des dimensions et/ou un poids maximum, et certaines refusent de transporter les fauteuils roulants électriques trop imposants.
* Mes conseils pour voyager en avion avec un fauteuil roulant.
* Quelles sont les conditions des principales compagnies aériennes ?
Enfin, les fauteuils électriques restent encore rares dans certains pays, et il peut être très difficile d’y effectuer des réparations ou d’obtenir des pièces détachées. Lors de mon tour d’Europe, j’ai eu la chance de trouver un dépanneur de fauteuils à Berlin (qui a remplacé mon pneu crevé) et un revendeur de matériel médical à Salzburg (qui m’a vendu un nouveau chargeur), mais ça n’aurait sans doute pas été aussi simple en Asie du Sud-Est !
Pour mes déplacements quotidiens, et lorsque je voyage en train, j’utilise un Permobil M3. C’est un fauteuil 6 roues assez compact (63 cm de large) et très confortable, qui tourne pratiquement sur place. La plaque repose-pieds se replie facilement et permet de s’installer à la plupart des tables. J’ai préféré choisir des pneus pleins pour éviter les crevaisons, mais cela rend les secousses sur les pavés assez intenses (on ne peut pas tout avoir !).
À noter :
– Pour ne plus être bloqué par la moindre petite marche, je vous conseille vivement d’acquérir une petite rampe portable ! Depuis 5 ans, j’utilise une rampe Stepless Lite de 70 cm, qui se range dans un sac accroché au dossier de mon fauteuil électrique. Elle est très légère (3,5 kg), résistante et antidérapante, et permet de franchir une marche de 15 cm maximum. Je l’ai toujours avec moi, et je m’en sers régulièrement pour entrer dans des bâtiments qui ont une marche à l’entrée, pour prendre le métro ou le tram à Bruxelles, ou lorsque la rampe du bus est en panne !
– Marques les plus connues : Invacare, Permobil, Sunrise Medical (Quickie), Ottobock, Quantum, You-Q, Vermeiren, New Live (le Magix est un fauteuil 6 roues, capable de franchir des bordures de 14 cm), Nino (un fauteuil 2 roues assez compact, qui ressemble à un Segway),…
Si vous ne les connaissez pas encore, allez faire un tour sur le site de mes amis Rudy et Julien (Handilol), qui partagent une tonne de bons plans et de conseils pour voyager en fauteuil roulant électrique !
2 – Les fauteuils électriques pliants
Les principales marques de fauteuils roulants électriques proposent également des modèles pliants ou démontables. Ceux-ci sont plus légers mais restent relativement confortables (dimensions d’assise personnalisées, dossier et repose-jambes réglables manuellement). L’autonomie, la vitesse et la capacité de franchissement sont plus limitées que sur un fauteuil électrique classique.
Les modèles les plus connus sont le Esprit Action 4 d’Invacare (45kg, 15kg pour l’élément le plus lourd) et le A200 d’Ottobock (66 kg, 21kg pour l’élément le plus lourd).
Ces dernières années, d’autres modèles « low cost » (de 2000 à 3500€), encore plus légers (22 à 25 kg), sont arrivés sur le marché. Leur confort est beaucoup plus limité (dimensions standard pour l’assise et le dossier, ou choix entre 2 « tailles »), et leurs petites roues sont plus adaptées aux centres commerciaux qu’aux trottoirs défoncés et autres vieux pavés. Si vous ne voulez pas prendre le risque d’abîmer votre fauteuil principal lors d’un voyage en avion, ou que vous ne pouvez bénéficier d’un remboursement, ça peut être une bonne option, mais si vous avez de longues jambes, vous risquez d’avoir du mal à rester assis(e) toute la journée…
Deux exemples de modèles : le Smart Chair et le Eloflex.
3 – Les scooters de voyage pliants
Leur prix est similaire à celui des fauteuils pliants. Leur confort est limité (un bon équilibre est indispensable), mais ils sont légers et prennent très peu de place une fois repliés. Attention, dans certains pays, les scooters sont interdits dans les transports en commun.
Deux exemples de modèles : le Travelscoot (16 ou 23 kg) et le Luggie (25 à 29 kg).
C – Motorisations pour fauteuils roulants manuels
Nous arrivons enfin à la catégorie la plus intéressante : les motorisations ! Plus légers que les fauteuils électriques traditionnels, mais plus confortables que les petits fauteuils électriques pliants, les fauteuils manuels motorisés sont une excellente alternative. Les motorisations permettent de transformer un fauteuil manuel sur-mesure, parfaitement adapté à vos besoins, en fauteuil électrique (ou avec assistance électrique).
Les possibilités sont nombreuses, et votre choix dépendra d’abord de l’utilisation que vous comptez faire de votre motorisation.
• Pour une utilisation uniquement (ou principalement) en voyage : privilégiez la légèreté et l’autonomie. Vérifiez que la batterie peut être transportée en avion (capacité inférieure à 300Wh pour une batterie lithium-ion. Pour calculer les Wh, multipliez V x Ah) et rechargée dans des pays où le voltage est différent (idéalement compatible 100-240V). Pensez aussi à la manière dont vous transporterez vos bagages, surtout si vous comptez voyager seul(e).
• Pour une utilisation au quotidien : optez pour une motorisation qui pourra être utilisée sur votre lieu de travail (ou sur le chemin du travail), dans les magasins et dans les transports en commun de votre ville. Si vous conduisez, mieux vaut choisir un modèle que vous pourrez démonter facilement et ranger vous-même dans votre voiture (ou compatible avec votre système de chargement, si vous en avez un). Si vous vivez en appartement et ne disposez pas d’un espace de rangement au rez-de-chaussée, la taille de votre ascenseur a elle aussi son importance ! 😉
Voici également une liste (non exhaustive) des critères à prendre en compte, dans le désordre :
Le poids et l’encombrement (sur le fauteuil et une fois démonté), le prix, la facilité d’installation, la vitesse maximale, l’autonomie de la batterie, la facilité d’utilisation (besoin de force, d’endurance, de coordination, de concentration,…), l’utilisation en extérieur (franchissement de trottoirs non abaissés, vieux pavés, rampes ou rues en forte pente, herbe, sol mouillé…), la possibilité de transporter des bagages, la possibilité d’utiliser le fauteuil sans la motorisation,…
[Si vous n’avez pas le courage de lire la suite, regardez directement le tableau à la fin ! 😉 ]
1 – Motorisations avec joystick :
Celles-ci permettent de transformer un fauteuil manuel en fauteuil électrique. Deux types de systèmes existent :
• Grandes roues motorisées + batterie sous l’assise : Alber E-Fix, Euromove Solo.
Lorsque j’ai décidé d’acquérir ce type de motorisation, le E-Fix E35 (avec sa batterie de 2 kg) n’avait pas encore été annoncé. La batterie du modèle précédent (E25) pesait 9 kg (pour une autonomie de 16 km) et j’ai donc opté pour le Solo, dont la batterie ne pèse « que » 4,2 kg (ce qui était déjà plutôt lourd pour moi !), pour une autonomie annoncée de 35 km !
4 ans plus tard, je regrette encore cette décision. En effet, après seulement deux city-trips en avion, je me suis rendue compte que la batterie, contrairement à ce qu’on m’avait annoncé, ne respectait pas tout à fait les règlementations (que je n’avais jamais pris la peine de lire, jusqu’au jour où je me suis retrouvée coincée à l’aéroport !).
Voici les explications données par le fournisseur : « La batterie du Solo est constituée de 8 « mini-batteries ». Lorsqu’elles sont désaccouplées (mises en mode avion à l’aide d’un interrupteur), elles ont une valeur de 52,92 Wh chacune. Elles répondent donc théoriquement à la norme. C’est comme si vous vous baladiez avec x batteries de téléphone dans votre sac et que la totalité dépasse les 300 Wh. C’est une question d’interprétation du règlement. »
Mais pour le personnel de l’aéroport de Budapest, 8 x 52,92 Wh = 423,36 Wh au total, ce qui dépasse largement la limite de 300 Wh !
Seule solution proposée par Euromove : acheter une nouvelle batterie au gel, plus lourde et moins puissante (10,2 kg pour 25 km d’autonomie), mais acceptée en avion… Bref, vous ne serez pas étonnés si je vous dis que je déconseille le Solo (et encore, je n’ai pas parlé du câble du joystick qui s’est détaché le premier jour de mon voyage, et qui ne tient plus en place qu’avec du scotch).
À ma connaissance, les batteries du E-Fix actuel (voir tableau) ne devraient pas poser problème pour voyager en avion (je serais heureuse d’avoir des retours si certains d’entre-vous l’utilisent !).
En-dehors de ce soucis de batterie, il y a tout de même quelques avantages (par rapport à d’autres systèmes) : la longueur du fauteuil n’augmente pas, et le fauteuil peut être replié sans démonter les roues (voire même la batterie, pour le E-Fix). Par contre, la largeur du fauteuil augmente de plusieurs centimètres, ce qui peut empêcher le passage de portes étroites.
Par rapport à une troisième roue motorisée (voir plus bas), ce système est plus adapté pour manoeuvrer à l’intérieur ou dans les endroits bondés, et la conduite au joystick est plus précise (arrêt instantané dès que celui-ci est relâché). En revanche, la conduite en extérieur est nettement plus compliquée : les petites roues sont bloquées par la moindre bordure de plus d’un centimètre, le repose-pieds cogne le sol à chaque descente de trottoir, et la vitesse réduite (6 km/h max) rend les déplacements sur la route assez dangereux. Seule exception : dans les montées les plus raides, les roues motorisées du Solo (en propulsion) se sont montrées plus efficaces que la traction avant du Triride.
Le démontage/remontage des roues est difficile pour une personne non-expérimentée (impossible de le faire moi-même vu leur poids), et il n’est pas toujours possible de remettre en place des roues manuelles. Lorsque cela est possible, leur utilisation implique de se déplacer avec une paire de roues supplémentaires, ce qui, vous l’admettrez, n’est pas vraiment pratique quand on voyage.
• Moteur à l’arrière du châssis + batterie sous l’assise : Minotor, Euromove Max-E.
Contrairement au système précédent, le Minotor fonctionne avec une paire de roues classiques. En revanche, il n’est pas possible d’utiliser des pneus pleins, et les pneus Marathon+ s’usent rapidement. Il faut obligatoirement enlever le moteur (8 kg) et la batterie (4 kg) pour pouvoir replier le fauteuil, mais une fois ceux-ci retirés, le fauteuil retrouve son poids et son aspect d’origine.
La société Euromove propose un système similaire, le Max-E, mais avec une batterie de 10kg.
• La société française Autonomad Mobility propose également deux kits de motorisation : le Kit Nomad (motorisation avec joystick et stabilisation gyroscopique) et le Kit Duo (assistance électrique à la propulsion, pour l’utilisateur ou pour l’aidant). Ces deux systèmes sont assez récents et je ne les ai encore jamais vus, mais le mode gyroscopique a l’air particulièrement intéressant. Si vous êtes utilisateur de l’un d’eux, ça me ferait plaisir d’avoir votre avis ! 😉
• Enfin, mes recherches m’ont fait découvrir le Spinergy ZX-1, qui semble peu connu dans nos contrées. Le système a l’air assez facile à mettre en place, mais il pèse environ 35 kg (pour une autonomie de +- 15 km, et un prix supérieur à 9000€).
2 – Assistances à la propulsion :
Les assistances sont généralement destinées aux personnes qui peuvent utiliser un fauteuil roulant manuel, mais qui n’ont pas suffisamment de force, d’endurance ou de coordination pour se déplacer en toute autonomie, ou sur de longues distances. Elles permettent aussi à ceux qui n’ont aucune atteinte des membres supérieurs d’effectuer de plus longs trajets, ou de monter des pentes un peu raides, tout en préservant leurs articulations et leur énergie.
La plupart disposent de plusieurs niveaux d’assistance, et certaines peuvent entraîner les roues de manière continue, jusqu’à ce que l’utilisateur freine ou appuie sur un bouton pour s’arrêter.
Comme pour les motorisations avec joystick, il existe plusieurs systèmes d’assistances à la propulsion :
• Grandes roues motorisées : Alber E-Motion et Twion (Daphnée du blog 1parenthèse2vies utilise ce système, qui est compatible avec un bras robot pour charger le fauteuil dans sa citrouille 😉 ), Sunrise Medical Wheel Drive, Euromove Servo.
• Moteur à l’arrière du châssis + batterie sous l’assise : Kangouroo.
• Petite roue motorisée sous l’assise : la Smartdrive est la plus connue. Deux alternatives françaises, moins chères et apparemment tout aussi performantes, existent : la Forcewheel (Olivia de We Wheel Rock You – encore une globe-trotteuse en fauteuil ! – l’utilise et en est très satisfaite) et la Yomper.
Ces trois roues constituent une solution très compacte et peuvent être transportées comme bagage à main.
3 – 3ème roues électriques :
On les appelle aussi 5èmes roues, mais puisque les petites roues avant ne touchent plus le sol une fois la roue motorisée installée, je vais rester sur « 3ème roue ». 😉
Certaines se fixent sur les potences (tubes verticaux à l’avant), d’autres sur une fixation spéciale installée entre les tubes du châssis. Leur prix varie de 2000 à 6000€. Attention, tous les modèles de fauteuils ne sont pas compatibles avec tous les modèles de 3ème roue !
Les avantages en voyage, et plus particulièrement lors de voyages au long cours ou dans des destinations peu accessibles, sont nombreux :
– Le poids de la roue à l’avant permet d’accrocher un gros sac à dos (plus de 15 kg) au dossier du fauteuil, sans risque de basculer vers l’arrière.
– L’autonomie et la vitesse maximum sont élevées, ce qui permet de parcourir de longues distances et de se fondre parmi les vélos, scooters et autres mobylettes.
– Les petites roues avant ne touchent plus le sol, on est donc nettement moins secoué sur les pavés, les trottoirs défoncés et les sentiers en terre battue. La montée et la descente de bordures sont aussi bien plus faciles qu’avec un fauteuil manuel motorisé.
Par rapport aux motorisations présentées plus haut, le principal inconvénient est l’augmentation de la longueur du fauteuil. Il est donc plus difficile de circuler en intérieur, ce qui est assez logique puisque ces systèmes sont avant tout conçus pour l’extérieur. 😉
Deuxième point à souligner : la conduite est plus fatigante qu’avec un joystick (puisqu’il est nécessaire de freiner pour s’arrêter), et demande une plus grande concentration. En ce qui me concerne, mes mains fonctionnent correctement, mais je ne peux pas tendre les bras plus de quelques secondes. J’ai donc demandé un guidon rallongé sur mon Triride, et ajouté des accoudoirs sur mon fauteuil manuel, de manière à pouvoir conduire sans trop fatiguer mes bras.
Dernier détail : en voyage, il n’est pas toujours possible de s’asseoir devant une table au restaurant. Personnellement, plutôt que de devoir démonter mon Triride (et trouver un endroit sûr pour le poser), je préférais me transférer sur une chaise et laisser mon fauteuil (avec le Triride) à côté de moi (ce qui, dans 90% des cas, ne posait aucun problème).
Aujourd’hui, il existe plus d’une quinzaine de modèles de 3èmes roues motorisées. Alors, comment choisir ?
Avant de découvrir le Triride, je m’étais renseignée sur le Firefly et le Batec (voir ci-dessous), mais les deux marques m’avaient confirmé que leur modèle n’était pas compatible avec mon fauteuil. Le Xenon SA est un fauteuil pliant, avec repose-pieds escamotables (on ne peut donc pas y installer de fixations), mais sans croisillon classique. Difficile donc de trouver un endroit solide pour fixer une troisième roue !
Heureusement, après plusieurs heures de travail acharné, l’équipe de Triride Belgique a réussi ! 😉
En comparaison avec d’autres systèmes qui s’accrochent presque automatiquement, le Triride prend peut-être un peu plus de temps à être mis en place (mais avec l’habitude, le montage prend moins d’une minute !) , mais l’avantage est qu’aucune modification n’est effectuée sur le fauteuil. Une fois les fixations déverrouillées (ce qui prend à peine 10 secondes), le fauteuil redevient comme avant !
Une fois le moteur trouvé, restait à choisir la taille de la roue : 12″, 14″ ou 16″ ?
La plupart des personnes qui utilisent une troisième roue peuvent se propulser sur de courtes distances, et ne l’utilisent qu’à l’extérieur. Si, comme moi, vous comptez également l’utiliser à l’intérieur (ou dans les transports en commun – pensez à la taille des ascenseurs dans le métro !), il vaut mieux choisir un modèle relativement compact (avec une roue de maximum 14″).
Pour vous donner une idée, quand je me déplace avec mon Triride 12″, mon fauteuil est déjà 30 cm plus long (127cm au lieu de 97 cm) ! Je peux gagner 8 cm en tournant la roue sur le côté, ce qui m’a permis d’emprunter des monte-escaliers et monte-charge assez exigus, mais c’était tout juste. 😉
J’arrive aussi à entrer dans presque tous les WC pour PMR, sans devoir démonter le Triride (c’est peut-être un détail pour vous, mais personnellement, je n’oserais pas l’abandonner sans surveillance devant des toilettes publiques !).
Autre avantage du Triride : les nombreuses possibilités de personnalisation.
Entre la livraison de l’engin et mon départ en tour du monde un mois plus tard, le guidon a été changé à trois reprises, jusqu’à ce qu’on trouve celui qui me convenait le mieux ! J’ai également choisi une roue de 12″ (au lieu de 14″ en standard), et une batterie moins puissante qui est acceptée en avion. La marche arrière et le cruise control (bien pratique pour rester à l’allure du pas) sont inclus sur toutes les versions, et d’autres options plus avancées sont proposées sur les nouveaux modèles.
Après un an de vadrouille sur 4 continents, une vingtaine de trajets en avion et une dizaine de voyages en bus, le bilan est extrêmement positif. Aucune panne à signaler, une seule crevaison (la chambre à air – j’en avais deux de rechange – a pu être changée en moins d’une heure dans un magasin de vélos) et deux changements de freins usés (à nouveau, les magasins de vélos n’ont eu besoin d’aucune explication). Seule la petite pièce en plastique de l’accélérateur s’est cassée, mais après avoir été recollée par un garagiste australien, elle a tenu sans problème pendant les 6 mois suivants.
En revoyant mes photos, je me rends compte que je n’aurais jamais pu vivre autant de choses incroyables avec mon fauteuil électrique.
Lorsque je partais en excursion dans des endroits totalement inaccessibles, comme la Grande Muraille de Chine ou les temples d’Angkor au Cambodge, je laissais le Triride à l’hôtel pour que les personnes qui m’accompagnent puissent plus facilement pousser (ou porter) mon fauteuil.
Lorsque j’arrivais dans un nouveau pays, je pouvais prendre un taxi classique à l’aéroport : mon Triride et mon sac à dos occupaient le siège à côté de moi, et mon fauteuil tenait dans le coffre.
À Rio de Janeiro, je suis montée au pied du Christ Rédempteur, en empruntant les escalators (les employés du site proposent systématiquement leur aide aux PMR). Au Vietnam et en Australie, j’ai voyagé dans des trains qui n’étaient pas particulièrement accessibles. En Nouvelle-Zélande, j’ai parcouru plusieurs kilomètres sur des sentiers de randonnées, et j’ai traversé le pays en bus, en train, en ferry et en voiture. En Polynésie, j’ai pu découvrir des îles accessibles uniquement par de petits avions (30 places), ou par bateau. Et sur l’Île de Pâques, j’ai même pu faire du stop, en embarquant mon fauteuil à l’arrière d’un pick-up !
Je suis repartie en voyage en juillet 2018, après un petit passage aux stands, et tout s’est à nouveau passé comme sur des roulettes.
En octobre dernier, j’ai parcouru 30 km sur le RAVeL, de Liège à Maastricht (récit de cette journée sur le blog de mon ami Jérôme – Traversée d’un monde). Je n’ai fait qu’une petite pause d’une heure pour recharger la batterie, et en arrivant à Maastricht, j’étais encore loin d’être à plat ! Maintenant que l’hiver se termine, je compte bien en profiter pour recommencer les longues balades ! 😉
La plupart des revendeurs de fauteuils roulant proposent aujourd’hui le Triride, mais si vous vivez en Belgique et que vous avez besoin d’un conseil ou d’une adaptation particulière, je ne peux que vous conseiller de contacter Prohandbike, l’importateur officiel. Une équipe au top, très pro et toujours très réactive !
Parmi les autres marques proposant des troisièmes roues électriques, on peut citer Batec Mobility (compatible avec la majorité des fauteuils pliants, à vérifier), Rio Mobility (Firefly), Klaxon (Klick), Nino Robotics (One), Stricker (Lipo Lomo), Autonomia Shop (Handcycle), Sunrise Medical (Quickie Attitude Power) et Alber (E-Pilot). En ce qui concerne ces trois derniers modèles, leur batterie ne peut être transportée en avion.
Pour y voir plus clair, ou si vous n’avez pas eu le courage de tout lire (je vous comprends ! 😉 ), voici un (beau) petit tableau récapitulatif !
Petite précision, l’autonomie indiquée est celle annoncée sur le site du fabricant. D’après mon expérience, elle est souvent surestimée et varie selon différents facteurs (la température extérieure, le poids de la personne et des éventuels bagages, le type de terrain,…)
D – Autres
En septembre dernier, j’étais à Paris pour participer à l’évènement Yes We Van, organisé par l’association En Van Simones. Entre deux conférences et trois conversations, j’ai pu découvrir toutes sortes d’équipements utiles aux handi-voyageurs.
Les 3ème roues manuelles :
Tout comme les 3èmes roues motorisées, elles soulèvent les petites roues avant de quelques centimètres et permettent de se déplacer plus facilement sur tout type de terrain (trottoirs, pavés, herbe, graviers,…).
Elles peuvent aussi être combinées avec une motorisation (Smart Drive, Minotor, E-Motion,…).
Celle qui équipe le fauteuil sur cette photo, la FreeWheel, est probablement la plus connue. Elle se fixe sur le repose-pieds d’un fauteuil manuel (châssis fixe) en quelques secondes, et peut être accrochée au dossier quand elle n’est pas utilisée. Elle pèse 2,2 kg et coûte environ 500€.
Un adaptateur pour les fauteuils pliants existe, mais il n’est compatible qu’avec les fauteuils à croisillon classique (incompatible avec les Kuschall Champion, Quickie Xenon et Neon, Progeo Ego et Yoga,…). Cet adaptateur (qui pèse 1,4 kg) semble un peu plus difficile à mettre en place, et doit être retiré pour pouvoir replier le fauteuil.
Deux autres modèles sont disponibles en France : le MTC de Magelan (12″, 6,5 kg, +- 700€) et la Lomo 360 de Stricker (16″ / 7kg ou 12″ / 5kg, +- 1000€). Contrairement à la FreeWheel, elles se fixent sur les potences (tubes verticaux) du fauteuil, et sont donc compatibles avec les châssis fixes et pliants. Si les potences sont escamotables, le repose-pieds doit être enlevé et remplacé par un repose-pieds spécial (en supplément).
La Lomo 360 de 16″ est un peu plus encombrante que ses concurrentes, mais se débrouille mieux en terrain accidenté et peut aussi servir de porte-bagages.
À droite de la photo se trouve le Phoenix Instinct, un sac de voyage conçu spécialement pour les personnes en fauteuil roulant. Il se compose d’un grand sac de voyage (87l) et d’un petit sac à dos (31l), qui se fixe sur le sac principal. Le Phoenix coûte environ 300€ et est compatible avec la plupart des fauteuils rigides (il s’attache sur la barre du dossier). Si vous en possédez un, n’hésitez pas à laisser un commentaire avec votre avis ! 🙂
Il y a quelques années, j’ai eu l’occasion de tester le Tiralo et l’Hippocampe, deux fauteuils de plage et de baignade. Le premier est confortable, mais il est relativement encombrant et doit être tiré par une tierce personne. Le second est plus compact et peut être utilisé seul, à condition d’avoir des bras costauds. J’étais heureuse de pouvoir à nouveau me balader sur la plage, mais un peu frustrée de ne pas pouvoir me déplacer seule…
L’an dernier, j’ai découvert le Freedom Trax : un système de chenillettes tout-terrain motorisées, contrôlé par un joystick, conçu pour se déplacer sans assistance sur le sable ou dans la neige. Le modèle FT1 permet de rester assis dans son propre fauteuil manuel et le modèle FT2 possède une assise intégrée. Le système pèse 35kg et peut être rangé dans le coffre d’une voiture (rampe de chargement en option).
Le prix est malheureusement élevé (plus de 6000€), mais d’après le site officiel, les revendeurs belges et français le proposent également en location…
J’espère pouvoir l’essayer un jour, mais les vidéos que j’ai pu voir sont déjà impressionnantes !
Conclusion
Quel que soit votre choix, il est indispensable de faire un essai sur plusieurs jours en conditions réelles, sur tout type de terrain (trottoirs non adapté, vieux pavés, herbe, sol mouillé, montées et descentes, transports en commun…). Idéalement, remplissez un sac à dos ou partez quelques jours en mini-trip près de chez vous, pour avoir une idée la plus réaliste possible de votre future utilisation. Impossible d’être certain qu’un système nous convient en l’essayant 10 minutes sur un parking ! 😉
Qu’en est-il du financement ?
Certains systèmes sont remboursés, d’autres pas, les législations évoluent régulièrement et les conditions dépendent souvent de différents critères. Je ne peux donc pas vous dire si tel ou tel système pourra vous être remboursé.
En Belgique, adressez-vous d’abord à votre mutuelle, puis à l’AVIQ (en Wallonie) ou au Phare (à Bruxelles).
En France, les remboursements dépendent de la sécurité sociale, de la MDPH et de votre mutuelle.
N’hésitez pas à consulter le site de la Fondation Garches, une base de données qui répertorie (presque) tous les fauteuils roulants et motorisations disponibles en France.
J’espère que cet article vous aidera à y voir plus clair. Si vous voyagez aussi en fauteuil roulant, n’hésitez pas à laisser un commentaire pour partager vos conseils avec d’autres lecteurs. 🙂
Blandine
Géniale cette recep’ des motorisations !
Alors moi j’ai le sac phoenix instinct / les plus : j’arrive a l’accrocher seule a mon fauteuil grâce a des poignées assez larges pour y passer les poignets , on ne sent pas qu’on traine un sac quand on roule , il reste assez proche du fauteuil pour ne pas gêner lorsqu’on tourne et qu’il y a du monde (gare , aéroport) . Les moins : son poids a vide et sa faible contenance …
Concernant le Batec je vais recevoir la semaine prochaine la toute dernière version : le Batec 2 version tetra , je pourrais te dire ce qui a changé 😉
Sinon j’ai vu le ZX1 en action et il est top si tu ne peux pas te pencher ni n’a beaucoup de préhension car ne nécessite pas de manipulations pour l’accrocher , juste reculer dedans avec ton fauteuil manuel .
Merci Katell, c’est super d’avoir d’autres avis ! 🙂
Si je ne me trompe pas, tu as aussi une FreeWheel, non ?
Blandine
Bonjour Blandine,
Article très long, c’est vrai, mais très intéressant, je l’ai lu jusqu’au tableau, et même après le tableau.
He oui parce qu’on se dit, « tiens, j’arrive au tableau, c’est la fin »… Et bien non, et ça continue, encore et encore, c’est que le début…. non j’exagère 😉
Tu ne publies pas souvent, mais tu te donnes du mal, c’est très bien présenté et très bien argumenté.
Dans le cas de mon Quadrix, qui n’est pas pris en charge, j’ai bénéficié d’un remboursement de la MDPH, de ma mairie, du fonds de compensation, grâce à un dossier sur mon projet de tour de l’Europe. Et grâce à mon médecin, (j’étais toujours en centre de rééducation) l’une des premières personnes à qui j’avais parlé de ce projet et qui m’avait répondu » mais avec un projet comme ça, vous pouvez obtenir un remboursement de votre Quadrix. Dossier monté avec ce médecin et mon ergothérapeute et ça a marché au-delà de ce que j’espérais.
Bonne continuation à toi, et je te souhaite encore de nombreux et passionnants voyages.
Yves
Bonjour Yves ! Et félicitations d’être arrivé jusqu’au bout. 😉
C’était difficile de faire plus court… Je n’ai d’ailleurs pas parlé du Quadrix ! J’y ai pensé, mais ça s’éloigne un peu trop des fauteuils…
Alors merci pour ton retour, ça pourra sûrement être utile à d’autres ! 🙂
Blandine
Bravo Blandine pour cet article extrêmement complet! Nul doute qu’il sera utile à toute les personnes désireuses de comparer les différents types de fauteuils roulants, pour profiter pleinement de leurs prochains voyages à roulette 🙂
Merci pour la mention d’Handilol!
Rudy & Julien
Merci à vous ! 🙂
Bravo pour votre article, il est très complet. Je me permets de le partager sur ma page Facebook.
Merci ! 🙂
Blandine