Tour du monde : déjà un mois de voyage…

img_1364 Un mois

Aujourd’hui, cela fait exactement un mois que j’ai quitté la Belgique. Un mois que j’ai dit au revoir à mes proches, et que je suis partie, seule, avec mon énorme sac à dos et mon fauteuil roulant. Un mois que j’ai commencé à réaliser mon rêve : faire le tour du monde.

Un mois, 30 petits jours, ça passe tellement vite ! Trop vite. J’ai parfois l’impression d’être partie hier. J’ai souvent envie que le temps s’arrête, pour profiter encore plus de chaque petite minute de bonheur.
Mais quand je pense à tous ces superbes endroits que j’ai déjà vus, toutes ces personnes extraordinaires que j’ai rencontrées, toutes ces expériences inoubliables que j’ai vécues, j’ai parfois aussi l’impression d’être partie depuis plusieurs mois…

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Le jour de départ, à l’aéroport Charles-de-Gaulle

En seulement 30 jours de voyage, j’ai vécu bien plus de choses qu’en 6 mois passés chez moi. Je suis passée par toutes les émotions possibles : la joie, l’inquiétude, la surprise, la peur, l’émerveillement, l’incompréhension, la tristesse, la gratitude, la colère, le soulagement, la déception…
J’ai souvent eu plein d’étoiles dans les yeux, mais parfois aussi des larmes. J’ai eu l’impression d’être la fille la plus chanceuse du monde, mais je me suis aussi demandée plusieurs fois qu’est-ce que je faisais là, et qu’est-ce qui m’avait pris de me lancer dans une telle aventure.

Dans les moments les plus difficiles, je me suis dit que certaines personnes avaient peut-être raison : partir voyager seule pendant un an, quand on est une fille, et qu’en plus on est en fauteuil roulant, ce n’est pas raisonnable.
J’ai eu envie de rentrer.
Heureusement, ça n’a pas duré longtemps. Et je me suis souvenue de toutes ces bonnes raisons qui m’avaient poussée à partir.
Non, mon projet n’est pas déraisonnable. Je suis loin d’être la première fille à voyager seule autour du monde, et je ne serai certainement pas la dernière. Les pays que j’ai choisis ne sont pas plus dangereux que la Belgique (c’est même souvent le contraire). Et le fait que je sois en fauteuil n’est certainement pas une raison valable pour arrêter de voyager !

Et en vrai, c’est comment ?

 

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Vue depuis la Shanghai Tower, à plus de 600 mètres du sol !

Avec internet, plus besoin de quitter son canapé pour voyager. Il suffit d’ouvrir son ordinateur, de prendre son smartphone, et on peut se promener dans pratiquement n’importe quel coin du monde.
Et pourtant… J’ai beau avoir lu des dizaines de récits de voyageurs, vu des centaines de photos et vidéos, RIEN de tout cela n’était comparable avec ce que j’ai vécu sur place. Que ce soit en Chine ou au Japon, la réalité dans laquelle je me suis retrouvée était bien éloignée de tout ce que j’avais imaginé avant mon départ.
Et si le fait d’être en fauteuil roulant m’a parfois posé quelques problèmes, il m’a aussi offert la chance de vivre des expériences bien différentes de celles des voyageurs qui parcourent le monde sur leurs deux jambes.

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Petit tour en bateau sur le lac du Palais d’Eté (Pékin)

Avant mon départ, j’écrivais « la Chine sera probablement le pays le plus fatigant de mon voyage ». Fatigant à cause du manque d’accessibilité, du manque de confort, des différences culturelles et culinaires, de la barrière de la langue,… Tous les voyageurs le répètent : « la Chine est un pays difficile. »
Si j’avais su ! Chaque expérience est différente, mais pour moi, voyager en Chine a presque été trop « facile » ! Je me disais souvent « ce n’est pas possible, il va bien m’arriver un GROS problème à un moment donné, ça ne peut pas continuer aussi tranquillement ! ». Et pourtant. À part quelques rares petits soucis d’accessibilité, et des difficultés évidentes de communication, mes trois semaines dans l’Empire du milieu se sont passées « comme sur des roulettes ». Quand ce n’était pas accessible, les Chinois se précipitaient pour m’aider. Et même si toute communication orale était impossible, ils comprenaient toujours que j’avais besoin d’un coup de main.

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Le métro de Pékin : bien plus accessible que celui de Bruxelles !

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Grande Pagode de l’Oie Sauvage, Xi’An

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Train à grande vitesse entre Pékin et Pingyao : accessibilité au top !

À l’inverse, je m’attendais à ce que le Japon soit l’étape la plus reposante de mon itinéraire asiatique. À nouveau, je me suis trompée.
Ces derniers mois, j’avais bien sûr recherché un maximum de renseignements sur l’accessibilité du pays, et toutes les informations trouvées étaient plutôt rassurantes. Les retours de voyageurs à mobilité réduite étaient toujours enthousiastes, et j’étais persuadée que mon expérience serait tout aussi positive que la leur.
Malheureusement, les règlementations japonaises en ont décidé autrement. Pour une raison qui m’échappe encore aujourd’hui, mon fauteuil roulant n’est apparemment pas autorisé dans les gares et trains japonais. Et au Japon, les règles, c’est les règles. Même si celles-ci sont injustes, incompréhensibles et discriminatoires.
Comme je m’y attendais, ce pays est l’un des plus accessibles que je connaisse. Les trottoirs, transports et bâtiments sont globalement bien plus accessibles aux PMR qu’en Chine, ou même qu’en Belgique. Et pourtant, j’ai rarement eu autant de difficultés à me déplacer. Quel paradoxe ! Descendre les escaliers des gares chinoises en m’asseyant sur les marches, et demander à des volontaires de porter mon fauteuil était finalement bien moins fatigant que de passer des heures à tenter de négocier avec le personnel des gares japonaises…

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Les vieux bus de Kyoto, accessibles aux PMR grâce à une rampe d’accès cachée sous les escaliers.

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Emplacement pour PMR à bord des trains JR de la région d’Osaka.

Il paraît que l’on peut toujours retirer du positif de n’importe quelle situation. C’est vrai aussi dans ce cas-ci.
Comme me l’a très justement fait remarquer une lectrice (expatriée au Japon depuis plusieurs années), grâce (ou à cause) de mon fauteuil, j’ai pu découvrir une facette de la société japonaise qui échappe complètement à la plupart des touristes.
Non, le Japon n’est pas un paradis. Mais ce n’est pas non plus un enfer. C’est juste un pays avec une culture extrêmement différente de la nôtre, qui a ses bons et moins bons côtés.

En tout cas, ce qui est sûr, c’est qu’en matière de dépaysement, je suis servie ! 😉
Et qui sait ce que le Vietnam me réserve…

Comme sur des roulettes !

Comme je l’écrivais avant mon départ, je m’attendais à rencontrer des problèmes pendant ce voyage. Des problèmes d’accessibilité, des problèmes techniques, peut-être même des problèmes de santé ou de sécurité.
Et à vrai dire, quand je fais le compte, j’ai plutôt été chanceuse jusque maintenant !

Ma plus grande source d’inquiétude, c’est évidemment mon fauteuil. Sans mes roulettes, je ne peux rien faire.
Lors de mon Tour d’Europe l’été dernier, les ennuis se sont succédés : mécanisme du repose-jambes en panne après une semaine, pneu crevé après 2 semaines, chargeur de batterie qui rend l’âme après 3 semaines,… On peut dire que je n’ai pas été gâtée !
J’ai tiré des leçons de ce premier long voyage, et même s’il est évidemment impossible de tout prévoir, j’ai essayé d’anticiper au maximum les éventuels problèmes (par exemple, en mettant des pneus pleins sur mon fauteuil, et en emportant des chambres à air de rechange pour la roue du Triride).
Bilan : en un mois de voyage, à part un compteur kilométrique (acheté 6€ chez Décathlon) H.S, je n’ai pas eu le moindre soucis technique ! Mon repose-pieds est un peu tordu suite à ma sortie ratée d’escalator à Xi’An (promis, je ne recommencerai plus !), et mes roues ont pris quelques griffes supplémentaires, mais à part ces petits détails, ma chaise est toujours au top ! Elle a également survécu à deux transports en avion (Paris-Pékin et Shanghai-Osaka), et j’espère que les prochains se passeront toujours aussi bien.

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Aéroport de Shanghai : avant l’embarquement, on emballe !

Côté santé, à part un petit rhume en Chine (merci la pollution !), et un restaurant japonais mal digéré, rien à signaler. Mon énorme trousse à pharmacie ne s’est pas vraiment allégée, et c’est tant mieux.
J’ai toujours besoin de mes 10-12h de sommeil quotidiennes, et je fais en sorte de les avoir. Que ce soit en Chine ou au Japon, l’itinéraire que j’ai suivi pendant 3 semaines est habituellement effectué en 2 semaines, voire moins, par la plupart des touristes. Et honnêtement, je ne regrette absolument pas mon choix ! Je préfère voir moins d’endroits et y rester plus longtemps, que de courir partout en changeant de ville tous les 2 jours. Ça me laisse assez de temps pour me reposer, tout en profitant de mes quelques heures d’énergie par jour pour découvrir les lieux à mon rythme.

Pour le reste, je n’ai encore rien perdu, et on ne m’a rien volé. J’ai l’habitude d’être assez prudente, mais je pense aussi que la Chine et le Japon sont des pays plutôt sûrs à ce niveau-là.
En fin de compte, le moment le plus stressant a été de me retrouver sans hébergement pour ma première nuit au Japon, à 23h, après une longue journée de voyage. Heureusement, j’ai rapidement trouvé un autre hôtel, et je n’ai plus eu aucun souci avec mes hébergements suivants. Je croise les doigts pour que ça continue !

Et pour finir, un petit Best Of de ce premier mois de voyage !

La plus belle rencontre

 

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Sans hésiter, Peter et Bessie. J’ai eu une chance incroyable de les rencontrer lors de ma première journée à Pékin. Ils m’ont invitée au restaurant, et quelques jours plus tard, ils m’ont emmenée voir la Grande Muraille. Des gens aussi généreux et bienveillants, c’est des perles rares. Je suis toujours en contact avec eux, et je compte bien les revoir le jour où je reviendrai à Pékin (car c’est sûr, j’y reviendrai !).

Le meilleur souvenir

 

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À nouveau sans hésitation, le jour où je suis montée sur la Grande Muraille de Chine !
Un endroit dont je rêvais depuis longtemps… Le genre de rêve qui nous donne des étoiles dans les yeux, mais dont on se dit qu’il ne réalisera jamais, parce que c’est juste « trop fou », « trop loin », « trop inaccessible »…
Quand je l’ai vue, au loin, depuis le télécabine, je n’ai pas pu m’empêcher de crier « Elle existe pour de vrai ! Ce n’était pas qu’un rêve ! Et j’y suis ! ». Quelques minutes plus tard, mes roulettes touchaient enfin ses pavés… J’ai passé près de 2 heures à faire des aller-retours sur la petite partie qui m’était accessible. À peine 50 mètres. Mais peu importe. J’y étais, et c’est tout ce qui compte.

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Le pire souvenir

Ma première journée au Japon… Ceux qui me suivent sur Facebook savent de quoi je parle. Un article suivra, quand j’aurai le courage de me replonger dans ces (très) mauvais moments.

Les plus beaux endroits

 

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En Chine : la Grande Muraille, le Palais d’Eté, la Cité Interdite, le Temple du Ciel, les remparts de Pingyao, le quartier musulman de Xi’An, les gratte-ciels de Pudong et l’ancien quartier Français à Shanghai.

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Au Japon : les temples Kinkaku-Ji (pavillon d’or), Kiyomizu, Nanzen-Ji et Kodai-Ji à Kyoto, le sanctuaire Fushimi-Inari, le forêt de bambous d’Arashiyama, le château d’Osaka, le temple Horyu-Ji, le parc de Nara… Et certainement bien d’autres à venir !

Déjà un mois. Seulement un mois. Et encore plusieurs mois de découvertes qui m’attendent !


Blandine

4 Commentaires

  1. On te suit, prends ton temps, savoure chaque instant. Je t’embrasse très très fort!

  2. EL BKRAOUI Sofiane

    c’est TROP TOP CA !

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