A l’approche des fêtes, j’ai profité d’un week-end de libre (entre deux semaines de partiels…) pour partir à la découverte de la Ville Lumière.
J’étais déjà allée plusieurs fois à Paris (notamment lors d’un voyage scolaire en 2008), mais c’était ma première visite dans la capitale depuis que je suis à mobilité réduite. Lors de mes précédents voyages, tous les trajets avaient été effectués en métro, et les longs escaliers à la sortie de certaines stations étaient encore gravés dans ma mémoire… Avant que mes roulettes ne puissent fouler le sol parisien, quelques recherches furent donc indispensables !
Après plusieurs heures passées sur le site de la RATP et sur Google maps, mon programme était prêt. En 3 jours, j’allais voir les principaux sites touristiques de la ville : le musée du Louvre, l’Orangerie, les Champs Elysées, le cimetière du Père Lachaise, la cathédrale Notre-Dame, Montmartre, et l’inévitable Tour Eiffel.
C’est parti !
Vendredi :
Il est près de 13 heures quand mon TGV entre en gare de Paris-Nord. L’équipe d’assistance m’attends déjà sur le quai. Quelques minutes plus tard, je suis sur le parvis, sous la pluie, armée de mon sac à dos et de ma GoPro (oui, j’aime les rimes). Grâce au plan imprimé la veille, j’arrive rapidement à mon auberge de jeunesse, située à un kilomètre de la gare :
Installée dans un ancien entrepôt de la SNCF, cette auberge fait partie de Fédération Unie des Auberges de Jeunesse (FUAJ) et de Hostelling International. Le bâtiment est moderne, tout en bois, et alimenté par des panneaux solaires placés sur le toit. Le wifi est disponible gratuitement au rez-de-chaussée (où se trouve la réception, le bar et une terrasse). Une cuisine est également mise à disposition, mais je ne l’ai pas visitée. Le petit-déjeuner (inclus) est plutôt bon : croissants tout chauds, baguette bien fraîche, deux sortes de confiture, pâte à tartiner aux noisettes, céréales, jus d’orange et boissons chaudes. Un repas chaud est également proposé le soir (à réserver avant 15h, je n’ai pas testé).
Niveau accessibilité, ce n’est pas encore parfait, mais c’est déjà nettement au-dessus de l’Hostel Equity Point à Londres (où j’avais passé 2 nuits un mois plus tôt). L’entrée est de plain-pied, mais les deux double-portes successives sont lourdes et difficiles à ouvrir pour une personne en fauteuil. A mon arrivée, la personne à la réception ne me voyant pas, j’ai du attendre quelques minutes sous la pluie avant qu’un passant ne vienne m’ouvrir… J’ai proposé à la réceptionniste d’installer un bouton d’appel, plus simple et moins couteux que des portes automatiques, mais elle n’avait pas l’air très enthousiaste…
La chambre, assez grande pour circuler en fauteuil, compte deux lits superposés et un lit simple (plus facile pour se transférer). La salle de bain est immense, le lavabo et le miroir utilisables par une personne assise, et le wc équipé de barres d’appui. La douche (à l’italienne) comporte un siège mural rabattable. Un seul problème (le même qu’à Londres), la tête de douche style « piscine » : ni orientable, ni détachable, et un bouton sur lequel il faut pousser toutes les 30 secondes… peu pratique pour une personne à mobilité réduite !
La salle du petit-déjeuner (en self-service) est bien accessible, et le rez-de-chaussée dispose d’un WC adapté.
[Comptez 30€/nuit en dortoir de 4 personnes, ou 60€/nuit par chambre privée avec 2 lits superposés]
Une fois mes affaires déposées, je repars en direction de la gare, pour prendre le RER B jusqu’à Châtelet-Les-Halles, où j’ai rendez-vous avec une amie (rencontrée lors de mon Erasmus à Edimbourg). Mais d’abord, il faut trouver une borne qui fonctionne, acheter les bons tickets, trouver le bon quai, trouver l’unique ascenseur qui y mène, et enfin attendre qu’un employé de la RATP vienne installer une rampe pour pouvoir monter dans le train ! Le trajet ne prend que cinq minutes, mais j’en passerai plus de vingt à chercher mon amie dans cette station labyrinthique… et nous en passerons encore dix de plus à chercher l’ascenseur pour ressortir !
L’entrée principale se situe sous la pyramide, et les PMR ne doivent pas faire la file. Un « ascenseur », ou plutôt une colonne panoramique assez futuriste, permet de descendre jusqu’à l’entresol (photo ci-dessous). Je vous conseille ensuite de prendre un plan « spécial PMR » à l’accueil, qui indique les emplacements des différents ascenseurs. Vous pouvez aussi le télécharger ici (http://www.louvre.fr/sites/default/files/medias/medias_fichiers/fichiers/pdf/louvre-plan-guide-accessibilite.pdf) pour préparer votre visite à l’avance. Toutes les salles (ou presque) sont accessibles, mais il est souvent nécessaire de faire de gros détours et d’emprunter plusieurs ascenseurs pour éviter les nombreux escaliers.
A titre d’exemple, nous voulions faire le tour du niveau 0 de l’aile « Sully » (pour voir les statues égyptiennes et la Vénus de Milo), et avons du passer par plusieurs autres étages (l’ascenseur V étant en panne), pour finalement renoncer à la partie égyptienne. Après plus d’une heure et demie passée à retourner notre plan dans tous les sens, nous avons demandé à un garde s’il pouvait nous indiquer le chemin le plus court plus aller voir la Joconde. Devant notre désespoir visible, il nous a directement escortées jusqu’au tableau du célèbre Léonard, en passant par une superbe galerie actuellement fermée au public (la Galerie d’Apollon) ! Et pour terminer cette visite sur une note positive, nous avons eu le droit de passer devant la corde de sécurité pour admirer la Joconde de plus près : le moment rêvé pour un selfie juste devant le tableau, sous les regards envieux d’une centaine d’autres touristes qui se bousculaient pour essayer d’avoir la meilleure vue possible…
Nous quittons la pyramide à la tombée du jour et traversons le Jardin des Tuileries au pas de course, photographiant au passage le « petit » Arc de Triomphe du Carrousel. Nous arrivons juste à temps au Musée de l’Orangerie (dernière entrée à 17h15, fermeture à 18h) : je vais enfin voir les fameuses Nymphéas de Monet !
J’ai déjà vu pas mal d’oeuvres impressionnistes, mais il faut bien avouer que celles-ci sont… impression-nantes ! Les deux pièces ovales rassemblent en tout huit tableaux, dont le plus grand s’étend sur 17 mètres de long ! Quand on les regarde de près, on ne distingue que des grosses taches bleues ou vertes, mais de loin c’est juste magique…
Nous profitons de la dernière demi-heure pour voir l’exposition temporaire sur Emile Bernard : un peintre français que je ne connaissais pas, mais qui a réalisé des oeuvres très variées. La centaine de tableaux exposés nous donnent un bel aperçu de sa carrière : visiblement, il aimait passer par toutes sortes de styles (notamment l’impressionnisme, mais pas seulement).
L’entrée pour les fauteuils roulants se fait par une porte vitrée, juste à gauche de l’entrée principale qui compte 3 marches. La salle des Nymphéas est au rez-de-chaussée, les autres salles du sous-sol sont accessibles par un ascenseur (large). L’entrée est gratuite pour les personnes handicapées et un accompagnateur.
Le musée fermant à 18h, nous pensons avoir toute la soirée devant nous pour traverser les Champs Elysées et profiter du marché de Noël. Mais en passant devant l’Obélisque de la Concorde, la pluie se met soudainement à tomber, de plus en plus fort. Nous nous réfugions, trempées, sous un « chapiteau-restaurant ». Au menu, des spécialités belges ! Mon amie prendra des moules-frites aux chicons (endives) et une bière belge, pour moi ce sera croquette de crevettes et hamburger. Pas vraiment gastronomique, un peu cher (21€ pour les moules, 16€ le hamburger), mais au moins on est au sec !
La pluie ne cessant pas, nous nous résignons à sortir et partons en direction de l’Arc de Triomphe, sans vraiment prendre le temps de nous arrêter devant les différents chalets du marché de Noël. Les illuminations sont assez jolies, mais impossible de prendre des photos avec une « drache » (= pluie intense) pareille !
En chemin, petit passage obligatoire par Ladurée (au numéro 75), pâtisserie célèbre pour ses macarons. Je me laisse tenter par une boîte de huit macarons (15,20€) : quatre aux saveurs traditionnelles (citron, framboise, chocolat, caramel salé) et quatre aux parfums saisonniers (cassis-violette, ananas, noisette et pain d’épice). Tous étaient évidemment délicieux, mais je vous recommande vivement le cassis-violette !
Lorsque nous arrivons enfin au rond-point de l’Etoile, la dernière « épreuve » du jour consiste à trouver l’ascenseur qui mène à la station de RER. D’après le site de la RATP, la station est accessible aux PMR, mais l’entrée sur l’Avenue des Champs Elysées ne comporte qu’un escalier, et aucune indication du chemin à suivre pour les personnes en fauteuil… Sachant que 12 avenues différentes mènent au rond-point, comment savoir dans laquelle se trouve l’unique ascenseur ?
Après une demi-heure de recherches infructueuses, mon amie finit par descendre dans la station pour demander à un employé s’il connaît l’emplacement de cet ascenseur (et tous ne le connaissent pas !). Je vous donne la réponse à un million (notez-la bien !) : Avenue Carnot, soit à 5 avenues des Champs Elysées en partant vers la droite. L’ascenseur n’est même pas visible depuis le rond-point puisqu’il se situe une centaine de mètres plus loin (après avoir traversé la Rue de Tilsitt). Impossible à trouver pour un non-habitué ! Alors qu’il suffirait de mettre un plan devant chaque escalier…
Une fois descendue dans la station, je dois encore trouver un employé disponible pour mettre en place la rampe nécessaire à mon embarquement dans le train. Heureusement, il arrive assez rapidement et s’assure qu’une autre équipe m’attendra à Châtelet – Les Halles et s’occupera de ma correspondance. Tout se passe comme prévu : je monte donc dans le RER A, j’arrive à Châtelet où une employée m’accompagne jusqu’à l’autre quai, je prends ensuite le RER B et je descend à Paris -Nord où un agent (SNCF cette fois-ci) m’attends et m’indique la sortie. Ouf ! Un petit kilomètre en fauteuil me sépare de ma chambre à l’auberge. La journée suivante promet d’être bien remplie…